Effets collatéraux
SHABNAM ZERAATI
Exposition
16 janvier - 15 février 2020
Vernissage
jeudi 16 janvier, à partir de 17h30
Effets collatéraux est une installation mixte de Shabnam Zeraati composée de deux ensembles d’œuvres s’interrogeant sur l’impact migratoire dû au changement climatique. Dans une sorte de mirage blanc aussi épuré que troublant, l’artiste met en parallèle deux terribles réalités liées au même phénomène planétaire : l’extinction d’espèces animales et le déplacement de populations humaines.
Le premier corpus rassemble 26 estampes d’espèces animales locales en voie de disparition. Travaillées à l’encre blanche ou en gaufrage sur papier blanc, chacune d’entre elles présente le portrait d’un animal qui semble s’estomper par un effet de ton sur ton. L’ensemble forme un atlas zoologique aux pages effacées, gommées par le temps. Poussant l’aspect monochrome jusqu’à un certain inconfort optique, l’artiste force l’œil du spectateur à reconstituer ces images telles de vieux souvenirs et traduit de cette manière une amnésie générale envers la condition d’animaux sauvages sur le point de s’éteindre. Shabnam Zeraati nous plonge ainsi dans un futur proche, déjà bien perceptible, dans lequel l’oubli de nos responsabilités est la plus grande menace.
Cette force d’omission s’exprime de manière différente dans le deuxième corpus, constitué de moulages en plâtre de mains posées au sol, les doigts pointés vers le ciel. Ces mains tendues, comme des appels à l’aide, condensent les stéréotypes utilisés dans les représentations médiatiques des mouvements migratoires de la dernière décennie, et notamment le traitement de la crise des réfugiés syriens. Cette dernière trouve en partie son origine dans la mauvaise gestion de l’eau par les autorités suite à plusieurs années de sécheresse. De ce fait, l’œuvre nous renvoie à une autre réalité du réchauffement planétaire: celle des réfugiés climatiques. L’artiste aborde ce sujet avec une rare empathie en recourant à un processus de création collectif. En effet, ces sculptures sont le résultat d’ateliers de médiation menés par l’artiste dans la région du Centre-du-Québec pour mettre en lien des familles de nouveaux arrivants (dont beaucoup d’origine syrienne) avec des familles québécoises. Chaque main, unique, dont on perçoit les lignes de la paume et les empreintes digitales, agit ici comme un portrait saisissant et bien tangible, matérialisant un phénomène qui nous touche tous au plus près.
Juste par l’entrecroisement subtil de quelques indices devenus presque invisibles, Shabnam Zeraati montre que les incidences globales du changement climatique ont des conséquences locales bien palpables. Effets collatéraux utilise ainsi l’effacement pour confronter notre regard à sa tendance à mettre de côté ce que nous ne voulons pas voir et révèle par soustraction toute une série de causalités.
Gauthier Melin
BIOGRAPHIE
D’origine iranienne, Shabnam Zeraati vit et travaille à Montréal depuis 2011. L’artiste, qui porte une attention sensible au dessin et aux possibilités variées du support imprimé en croisant différentes techniques (sérigraphie, gravure, moulage), s’est vue offerte plusieurs expositions au Québec, notamment au MAI à Montréal, à la Maison de la culture à Longueuil, au Musée historique du Madawaska, au Centre d’artistes Atoll à Victoriaville et à Articule à Montréal
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