© Jean-Michael Séminaro

COLIN LYONS

Exposition à la Galerie de l'Atelier Circulaire
14 mars- 27 avril 2024

Vernissage
14 mars de 17h30 à 19h30

Discussion avec l'artiste (en anglais)
Samedi 27 avril, à 15h

Colin Lyons discutera de plusieurs projets récents qui l'ont amené à explorer des paysages sacrifiés tels que des tas de résidus, des décharges désaffectées, des infrastructures historiques innondées et des îles isolées, afin d'élaborer des plans d'urgence pour les paysages post-extraction que nous laissons derrière nous.
Fusionnant l'art imprimé, l'installation et les expériences chimiques, le travail de Lyons considère les paysages postindustriels à travers le prisme de la géo-ingénierie, de l'extraction et de l'alchimie. Ces prototypes rassemblent des essais spéculatifs d'ingénierie climatique visant à dessaler les eaux arctiques, à phytoremédier les sols contaminés à l'aide d'espèces végétales invasives, et à fertiliser les écosystèmes côtiers à l'aide d'artefacts industriels dissous. Cependant, au lieu de proposer des solutions climatiques pratiques, ces systèmes en ébullitions et autodestructeurs misent sur l'humour, la futilité et les boucles de rétroaction. Ces prototypes mettent à nu l’absurdité de notre désir de trouver le salut dans l’équilibre finement calculé des déversements stratégiques de produits chimiques, et proposent des rituels qui conjuguent le sacré et la science afin de questionner le type de nature que nous espérons atteindre dans un avenir techno-solutionniste.

***

Les déversements stratégiques de produits chimiques nous mèneront au salut a débuté avec un questionnement qui peut sembler absurde : à quoi ressembleraient nos technologies si elles étaient conçues par des alchimistes? Mais plus encore, est-ce que les aspirations des géo-ingénieurs, dont les solutions climatiques radicales cherchent à imiter, accélérer ou amplifier les processus naturels de réduction du carbone par l’utilisation de moyens hautement invasifs, sont-elles déjà sur le point d’atteindre une transmutation alchimique, à l’échelle planétaire ?

Fusionnant l’art imprimé, l’installation et la chimie, cette exposition rassemble trois projets : une série de gravures autodestructives traitant des technologies de géo-ingénierie remplaçant les dieux pour infiltrer les paysages de nuages du XVIe siècle; des essais de géo-ingénierie, réalisés au large d’une île forteresse militaire tsariste abandonnée, visant à faire épaissir la glace de l’océan Arctique, dans le but de contrer sa fonte accélérée ; ainsi que des gravures sur des résidus de cuivre extraits de la plus ancienne mine de cuivre en Amérique du Nord, actif depuis l’ère de la formation du Lac Supérieur, au moment du retrait de la couche glaciaire.

Ces projets utilisent les procédés chimiques propres aux arts imprimés pour faire écho aux enjeux découlant de la géo-ingénierie, l’extraction, l’alchimie et la réhabilitation des friches industrielles ; ensemble, ils évoquent les plans d’urgence à élaborer pour les paysages post-extraction que nous laissons après nous. Cependant, au lieu de proposer des solutions climatiques pratiques, ces prototypes mettent à nu l’absurdité de notre désir de trouver le salut dans l’équilibre finement calculé des déversements stratégiques de produits chimiques. Ils proposent des rituels qui conjuguent le sacré et la science afin de questionner le type de nature que nous espérons atteindre dans un futur "techno solutionniste". Ces rituels tentent de transmuter notre matériau le plus commun – les déchets industriels – et de présenter la matrice d’impression comme un artefact fossilisé : permettant de lier les fils de notre héritage extractiviste aux solutions climatiques d’ingénierie, qui se profilent à notre horizon, dystopiques, mais sans doute inévitables.

 

Bio

Colin Lyons a grandi à Petrolia, en Ontario, le lieu de naissance de l’industrie pétrolière nord-américaine ; une expérience qui a alimenté son intérêt pour les paysages sacrifiés pour l’extraction. Lyons détient un baccalauréat de la Mount Allison University et une maîtrise en arts imprimés de l’Université d’Alberta. Ses plus récentes installations in situ ont pris place dans des paysages sacrificiels tels que les piles de résidus, les décharges désaffectées, les infrastructures historiques d'inondation, les friches urbaines et les îles éloignées.

Récemment, Lyons a effectué des résidences à The Arctic Circle (Longyearbyen, Svalbard), ÖRES (Örö Island, Finlande), MacDowell (Peterborough, NH), Frans Masereel Centrum (Kasterlee, Belgique), Rabbit Island (Lake Superior), The Grant Wood Fellowship (University of Iowa), Klondike Institute of Art & Culture (Dawson City, YK), et Kala Art Institute (Berkeley, CA). Son projet en cours, Nous trouverons le salut dans des déversements chimiques stratégiques, a été présenté lors d'expositions individuelles à la Galleria Ratamo (Jyväskylä, Finlande), à la Mesaros Gallery (West Virginia University) et à la Rosemary Duffy Larson Gallery (Davie, FL). Ses œuvres ont fait partie d'expositions collectives à l'International Print Center de New York, à la Triennale internationale de l'estampe de Cracovie, à la Biennale internationale de l'estampe d'Erevan, à la Biennale internationale de l'estampe de Douro, à la Platform Stockholm, au Museum London et à The Soap Factory, entre autres. Il vit actuellement à Binghamton, NY, où il est professeur adjoint à l'université de Binghamton.

Démarche artistique

Ses projets récents l'ont amené à visiter des paysages sacrifiés tels que des résidus miniers, des décharges désaffectées, des infrastructures historiques d'inondation et des îles isolées, afin d'élaborer des plans d'urgence pour les paysages post-extraction que nous laissons derrière nous.  Ces installations font appel à la gravure chimique pour réfléchir aux questions relatives à la géo-ingénierie, à l'extraction, à l'alchimie et à la réhabilitation des friches industrielles. Dans le cadre de ces projets, il s'efforce de mettre en avant les coulisses, le travail intensif et les racines de la gravure chimique, tout en explorant les possibilités de transmutation au-delà du cycle de vie naturel de la matrice. À travers ces rituels, il utilise le processus de gravure pour compresser le temps historique et géologique, en reliant les fils de notre héritage d'extraction aux solutions dystopiques, mais peut-être inévitables, d'ingénierie climatique qui se profilent à l'horizon.

Cependant, au lieu de solutions pratiques pour le climat, ses prototypes mettent à nu la folie de notre désir de trouver le salut dans l'équilibre subtil des déversements stratégiques de produits chimiques ; ils proposent des rituels qui mélangent le sacré et le scientifique pour remettre en question le type de nature que nous espérons approcher dans un avenir techno-solutionniste. Ensemble, ces projets posent une question qui peut sembler absurde à première vue : À quoi ressembleraient nos technologies d'ingénierie climatique si elles étaient conçues par des alchimistes ? Mais si l'on va plus loin, les aspirations des géo-ingénieurs, dont les solutions climatiques radicales cherchent à imiter, accélérer ou amplifier les processus naturels de réduction du carbone en utilisant des moyens très invasifs, sont-elles déjà en train de frôler une sorte de transmutation alchimique à l'échelle de la planète ?

Il tient à remercier le Conseil des Arts du Canada pour son généreux soutien à ce projet.

www.colinlyons.ca

Nous trouverons le salut dans la gestion de déversements de produits chimiques : Injection d'aérosols stratosphériques
eau-forte, sérigraphie (imprimée avec de l'acide sulfurique et du calcaire), gravure au laser, 22 "x15", 2022.

Operation Habbakuk (Arrêt sur image: Örö Island, Finland)
plaques de cuivre gravées, système de brumisation, pykrete (pulpe de bois et glace), silice, alambic de cuivre gravé, pyrite, sulfate de fer, échantillons d'eau (mer Baltique), glace géo-ingénierie, 2022.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *