A fervid surface 1 (detail), 2021
Souche de kombucha huilé et séché, imprimé d'un motif de filet, peinture à l'huile, oxydation du cuivre, fil, bois.
Approx. 30" x 40"
Photograph by Darren Rigo

 

Il faut d'abord construire une porte

JOY WONG

Exposition à la galerie (espace 105)
17 janvier  — 1ᵉʳ mars 2025

Vernissage à l'occasion de la Rentrée hivernale du Pôle de Gaspé  (voir l'évènement ici)
17 janvier, de 17h à 22h

Rencontre et présentation du travail de l'artiste
Information à venir

La vue mouchetée. Comme voir la lumière à travers une canopée, les omoplates à travers un haut en résille, la circulation en sens inverse à travers la vitre d'un pare-brise.

Les monotypes et les découpes de Joy Wong invitent à une vision partielle. Ces œuvres en treillis utilisent des surfaces visqueuses – des biomatériaux à base d’amidon et des colonies symbiotiques de bactéries et de levures (communément appelées SCOBY), ces biofilms de cellulose glissants qui se reproduisent d’eux-mêmes dans le bocal de kombucha – pour encadrer et filtrer ce que nous voyons et la manière dont nous le voyons. Les formes fragmentées et ornées qu’elles créent font écho à leur composition : chaque colonie est à la fois un foyer et un bouclier pour des milliers de microbes qui se rencontrent en archipels à travers la pratique de Wong.

Une mère, un abri, un écran, une peau.

Ce sont des invitations à s'attarder sur la surface ou sur la limite. Tendues à plat comme des peaux d'animaux, elles sont ornementales et non utilitaires. Ces surfaces sont poreuses, elles donnent à voir l'échafaudage des éléments qui les soutient. Les distinctions floues entre l’intérieur et l’extérieur empêchent la projection et la transparence. Des incisions révèlent la pièce au-delà, et chaque œuvre s’amplifie exponentiellement en incorporant son environnement dans la logique de sa composition.

Une socialité symbiotique émane de ces œuvres, où chaque élément est à la fois distinct et pris dans un tissu partagé et mouvant. Voyant à travers et vu à travers, nous sommes à la fois sujet et objet. Le plaisir est d'être juste hors de portée.

Texte de Georgia Philips-Amos 

Biographie et démarche

Joy Wong est un·e artiste et enseignant·e basé·e à Tkaronto/Toronto et d’origine hongkongais·e/cantonnais·e. Wong a obtenu une maîtrise en beaux-arts (MFA) à la Western University à London, en Ontario, où ses recherches de thèse ont été récompensées par une subvention du CRSH. Iel a été finaliste au Concours canadien de peinture RBC (2018) et artiste en résidence au Pope Residency in Painting à la NSCAD (2019), au programme de résidence d’artiste RBC à la Robert McLaughlin Gallery (2021) et à la Hexagon Mid-Career Fellowship à Open Studio (2023). Wong a reçu des subventions du Toronto Arts Council, du Conseil des arts de l’Ontario et du Conseil des arts du Canada. Iel est actuellement professeur·e adjoint·e contractuel·le au Département des arts visuels et de l’histoire de l’art de l’Université York.

Wong se concentre sur les liens matériels avec la physicalité changeante du corps, iel s'intéresse à la précarité et aux surfaces fluctuantes, et a travaillé sur les médias imprimés, la peinture, la fermentation et la poésie. Les impressions corporelles issues d'une expérience queer et diasporique sont intrinsèques à sa recherche matérielle. L'histoire personnelle alimente la recherche sur ce que signifie la prise en compte d'un corps dans l'espace, la méditation sur l'abject et la navigation au point de rencontre de la préservation et de la destruction. Récemment, iel a étudié la notion de matrice, à la fois comme origine de la production et comme source de répétition et de mutation des formes et des idées.

Description du processus artistique à l'origine des œuvres présentées

Ces œuvres sont une exploration de la matérialité, de la matière et des matrices. J’ai utilisé une combinaison de médiums acryliques et de bioplastiques à base d’amidon et de cellulose pour créer des monotypes. La notion de surface imprimée, qui commence comme une matière humide et glissante avant de se solidifier en des peaux translucides, m’a particulièrement intéressé·e. Cette investigation matérielle m’a conduit·e à réfléchir aux aspects perméables, complices et relationnels de l’art de l’impression. Les images des œuvres sont inspirées de motifs provenant de fenêtres, de portails et d’autres seuils d’espaces domestiques, et sont réalisées à l’aide de techniques d’embossage et de monotype.

 

Site internet de l'artiste : https://www.buomhof.com/