© Jean-Michael Séminaro
Théâtre des plans et jardinages
CASSANDRE BOUCHER
Exposition à la galerie (espace 105)
6 septembre — 19 octobre 2024
Vernissage à l'occasion de la Rentrée Culturelle du Pôle de Gaspé (voir l'évènement ici)
6 septembre, de 17h à 22h
Rencontre et présentation du travail de l'artiste
7 septembre, de 14h à 16h
Un rideau en jardin infini; une terre tapissée de natures impossibles… Cassandre Boucher, à l’Atelier Circulaire, questionne notre penchant pour la mise en scène des lieux sauvages qui nous entourent, cette pulsion nous poussant à commissarier la nature pour assouvir notre désir de contrôle sur elle et, parfois, notre simple plaisir esthétique.
Sa trouvaille récente de l’ouvrage de Claude Mollet intitulé Théâtre des plans et jardinages, paru en 1652, constitue rapidement une inspiration pour son corpus à venir. Premier jardinier du roi sous les règnes d’Henri IV et de Louis XIII, Mollet conduit dans son traité une réflexion sur les principes de tailles et de coupes qui mènent à la culture d’un jardin soigné loin du chaos de la nature. Cet espace presqu’entièrement façonné par la main de l’humain, décrit et valorisé par celui qui s’occupera pendant de longues années des Tuileries, en France, fascine Boucher. Elle y voit une forme perturbante de contamination entre les notions du théâtre et du jardinage.
Ainsi fait-elle un clin d’œil à ces larges drapés rappelant ceux d’une avant-scène en exhibant des pièces, recyclées ou tissées, qui accueilleront des sérigraphies aux motifs végétaux. C’est la technique de la catalogne qui guide la construction de ces trames : par elle, l’artiste active une filiation dans la reprise de ce geste répété maintes fois par nos aînées, et mobilise son souci de l’environnement en récupérant des tissus déchus qui aideront à constituer ces morceaux. Les formes courbes et organiques du textile épousent les plantations et haies vues de haut qui ont été photographiées puis employées à ces impressions sur tissus. Jouant d’opacité ou de transparence, les imprimés traversent parfois la toile afin de rejoindre la lumière, et montrent d’autres fois des surimpositions colorées.
Le jardin, comme une parcelle de terrain dans le paysage, choisie par l’humain et changée par son geste, fait ainsi son entrée dans l’espace d’exposition, redessinant les contours de nos manières d’approcher la nature et des modèles occidentaux qui les ont informées.
Texte de Galadriel Avon
Biographie et démarche
Originaire du Québec, j’habite et je travaille en France depuis trois ans. Je suis diplômée de l’UQÀM (Montréal, Québec), et de l’ensad, à Paris. Mon travail a été présenté dans plusieurs villes au Canada, en France, au Portugal et en Suisse.
J’ai entre autres été en résidence au Fabric Workshop and Museum (Philadelphie, États-Unis), au Icelandic Textile Center (Blönduós, Islande) et au Fyns Grafiske Vaerksted (Odense, Danemark). Mes projets ont bénéficié du soutien du Conseil des arts et des lettres du Québec ainsi que du Conseil des arts du Canada. En 2023, j’ai reçu le Grand Prix du Jury de la Biennale Internationale d’Estampe Contemporaine de Trois-Rivières (Canada), et en 2024 le prix Lieux-Communs, décerné par le centre d’art du même nom situé à Namur, en Belgique.
Je m’intéresse aux relations temporelles et affectives qui lient l’être humain à son environnement. Je poursuis une approche protéiforme des arts textiles où le tissage, la peinture et les possibilités picturales de la sérigraphie sont exploités au sein de pièces bidimensionnelles et installatives. Portée par un intérêt envers l’environnement et les savoir-faire traditionnels, je m’inspire de l’histoire sociale récente et du milieu rural dans lequel j’ai grandi afin d’imaginer d’autres types de rapports au travail manuel et au territoire. À travers une approche éco-féministe, j’envisage les notions de temps, de répétition et de sollicitude propres aux arts textiles comme des outils permettant de dépasser les traditionnels rapports de force et de domination humaine de nos sociétés occidentales.
Instagram @cassandre.boucher_
Remerciements
Cassandre Boucher souhaite remercier le Conseil des arts du Canada pour son soutien ainsi que Dominique Desbiens, Xavier Orssaud et Liz Xu pour leur précieuse aide dans la réalisation de ce projet.