NOIR DE BOUGIE
Hommage à Louis-Pierre Bougie
Exposition
8 juillet - 21 août 2021
Vernissage
Jeudi 8 juillet, de 17 h à 19 h
On parle de nous
Éric Clément dans La Presse : https://bit.ly/3BMzv8n
Marie-Christine Blais pour Dessine-moi un été à ICI Première : https://bit.ly/3rFmJUI
C’est avec émotion que l’Atelier Circulaire annonce la tenue d’une exposition consacrée à Louis-Pierre Bougie, du 8 juillet au 21 août 2021.
L’exposition Noir de Bougie offre un panorama de l’œuvre gravée de cette figure majeure de l’estampe au Québec à travers le regard de l’imprimeure Paule Mainguy.
L’exposition revient sur plusieurs éléments forts de sa pratique artistique : la gravure au burin et le spit bite, l’influence des ateliers parisiens, la poésie dans les livres d’artistes, et aussi l’attachement profond pour l’Atelier Circulaire qu’il a cofondé.
Dans un hommage tendre et sincère, l’exposition Noir de Bougie retrace un parcours artistique exceptionnel via une série de témoignages, d’images d’archives et une sélection d’œuvres dont certaines seront montrées pour la première fois au public. Ce qui résiste, un livre d’artiste réalisé en collaboration avec la poétesse Martine Audet et imprimé à titre posthume, sera ainsi dévoilé.
Le vernissage aura lieu le jeudi 8 juillet, de 17 h à 19 h. Il sera l’occasion de réunir les amis de Louis-Pierre, les membres de l’Atelier Circulaire et tous les amateurs d’art admirant son travail. Une allocution aura lieu à 17 h 30.
NOIR DE BOUGIE
Texte de Paule Mainguy
Noir de bougie, c’est le nom d’une couleur, bien sûr si on considère que le noir est une couleur. Louis-Pierre Bougie aimait beaucoup le noir et l’encre noire. Mais pas seulement, il aimait aussi la pierre noire avec laquelle il dessinait depuis tant d’années et l’humour noir, les films noirs et bien sûr le café noir.
Tout a commencé pour moi en 2001, une année déterminante et mémorable. J’abordais un nouveau métier bien candidement, bien sincèrement : imprimeure en taille-douce. L’Atelier Circulaire, fondé entre autre par Louis-Pierre et une poignée de collègues et amis, allait devenir, contre vents et marées, cet endroit plein de promesses qu’il est devenu aujourd’hui. Louis-Pierre l’a fréquenté sans relâche tant qu’il a pu le faire. Malgré mon inexpérience des débuts, il n’a pas hésité à me faire confiance alors que je n’avais aucune conscience du fait qu’il avait travaillé avec de très grands imprimeurs en Europe et aux États-Unis. Les rôles étaient distribués, il allait devenir plus qu’un client, mais bien aussi un ami que j’allais fréquenter très assidûment.
Louis-Pierre était un personnage. Il était atypique, parfois sombre et très souvent intimidant pour qui ne le connaissait pas. Il avait un sens de l’humour étonnant et sa répartie était au minimum surprenante, parfois cinglante. Artiste sans compromis, homme de peu de mots, il allait droit au but. C’était un coureur de fond avec le souffle du marathonien lorsqu’il abordait un nouveau livre d’artiste. Et il en fallait.
Louis-Pierre aimait la gravure. Il adorait entrer dans un atelier. Il adorait la vie d’atelier tout court : les outils, le cuivre, les vernis, les résines, la boîte à grains, le « perchlo » , les papiers, les encres et les ouvriers et collègues aussi, sa famille. Il adorait travailler dans les grands ateliers parisiens où sa notoriété n’était plus à faire et où il était respecté. Au-dessus du réchaud, instant de proximité, beaucoup de choses se passent ; des grandes comme des petites. Il y a des bons jours et il y a de moins bons jours. L’essui d’une plaque de Louis-Pierre ne se fait pas comme les autres. On doit s’arrêter longtemps avant la fin pour chercher la lumière, la lumière de l’ombre et l’absence de creux.
C’est aussi sur le réchaud que ces corps en suspension et en apesanteur, sorte d’autoportrait incessant, apprennent et reprennent possession de leur gravité, de leur humanité. C’est là qu’on se parle du dernier polar, du dernier film, des amis. Se souciant de mes humeurs et de ses éditions, Louis-Pierre m’appelait presque quotidiennement pour simplement prendre de mes nouvelles, m’annoncer qu’il avait acheté un paquet de papier Arches ou savoir quand est-ce qu’on signe. La signature des tirages lui procurait de grands instants de fierté et de satisfaction, des billes gagnées qu’on ajoute dans son sac.
Louis-Pierre a exercé un métier rare et méconnu. Ça ne fait pas moins de lui un graveur exceptionnel à la maîtrise absolue du burin. Quiconque a tenu un burin dans ses mains sait de quoi je parle. Le voir aiguiser avec acharnement et inlassablement ses fidèles outils, prolongements de sa main et transmetteurs de son talent, tenait de la pure poésie. De la poésie d’atelier bien sûr, comme le noir de ses gravures d’ailleurs, du noir de Bougie…
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